Plus-value immobilière 2015 : calcul et imposition
Avant de céder son bien immobilier, mieux vaut savoir à quelle sauce sera mangée sa plus-value.
Le régime fiscal des plus-values immobilières a récemment subi des modifications : le gouvernement a pris plusieurs mesures en 2014 qui, il l'espère, permettront de relancer le secteur du logement et de la construction.
Ces dispositifs, bien que nécessaires pour donner un coup de pouce aux mises en chantier, ont ajouté à la complexité d'un régime d'imposition déjà difficile d'accès. A l'heure où les déclarations de revenus envahissent les boîtes aux lettres, le JDN décrypte cet impôt.
Calcul de la plus-value brute
La plus-value brute correspond à la différence entre le prix de cession d'un bien et son prix d'acquisition.
Plus-value brute = Prix de cession - Prix d'acquisition |
Le prix de cession n'est autre que le prix de vente
- majoré des charges et indemnités payées par l'acheteur et prévues dans l'acte notarié.
- minoré des frais supportés au moment de la cession (ceux liés aux diagnostics obligatoires, par exemple), à condition de pouvoir les justifier
- minoré du montant de la TVA acquittée (également à justifier)
Prix de cession = Prix de vente + Charges supportées par l'acquéreur - Frais de cession |
Le prix d'acquisition, lui, renvoie au prix auquel le vendeur avait acheté le bien :
- majoré des charges et indemnités acquittées au propriétaire au moment de l'achat
- majoré des frais d'acquisition : droits d'enregistrement ou TVA payée au moment de l'acquisition, frais de notaire...
Si le vendeur ne retrouve pas les justificatifs, il peut appliquer une majoration forfaitaire équivalente à 7,5 % du prix d'achat. Si le bien a été acquis à titre gratuit, c'est-à-dire dans le cadre d'un héritage ou d'une donation, ces frais d'acquisition augmentent la valeur vénale mentionnée dans l'acte.
- majoré des dépenses effectuées dans le cadre de travaux (construction, reconstruction, agrandissement, ou amélioration), à condition de pouvoir en justifier le montant, ce qui implique d'être en possession des factures émises par les entreprises qui les ont réalisés.
Dans le cas où elle ne parviendrait pas à remettre la main sur ces factures, la personne qui cède le bien peut tout de même majorer le prix d'achat de 15%, si, et seulement si, elle en est propriétaire depuis plus de 5 ans.
- majoré des frais de voirie, de branchement aux réseaux et distributions supportés.
Attention, pour les biens payés au moyen d'une rente viagère, le prix d'achat retenu est la valeur en capital de la rente.
Prix d'acquisition = Prix d'achat + Charges supportées au moment de l'achat + Frais d'acquisition + Dépenses de travaux + Frais de voirie, de réseaux et de distributions |
Calcul de la plus-value nette
Il faut en réalité calculer deux plus-values nettes : celle qui sera imposée au titre del'impôt sur le revenu (taxe de 19%) et la plus-value nette soumise aux prélèvements sociaux (taxe de 15,5%).
Pour obtenir l'une comme l'autre il suffit de déduire l'abattement pour durée de détention du montant de la plus-value brute. Plus cette durée est longue, plus le montant de la plus-value imposable et, par conséquent, celui de l'impôt, diminue.
Plus-value nette = Plus-value brute - Abattement |
La plus-value nette imposable au titre de l'impôt sur le revenu
Depuis le 1er février 2012, pour l'impôt sur le revenu, l'abattement pour durée de détention s'applique de la manière suivante :
- 6% pour chaque année de détention au-delà de la 5e et jusqu'à la 21e
- 4% pour la 22e année révolue de détention.
Voilà concrètement ce que cela donne, année par année :
Durée de détention | Abattement |
---|---|
Source : Direction générale des Impôts | |
Entre 0 et 5 ans | 0% |
6 ans | 6% |
7 ans | 12% |
8 ans | 18% |
9 ans | 24% |
10 ans | 30% |
11 ans | 36% |
12 ans | 42% |
13 ans | 48% |
14 ans | 54% |
15 ans | 60% |
16 ans | 66% |
17 ans | 72% |
18 ans | 78% |
19 ans | 84% |
20 ans | 90% |
21 ans | 96% |
22 ans | 100% |
L'exonération totale des plus-values immobilières au titre de l'impôt sur le revenu est ainsi acquise à l'issue d'un délai de détention de 22 ans, au lieu de 30 ans auparavant.
La plus-value nette soumise aux prélèvements sociaux
Pour les prélèvements sociaux, l'abattement pour durée de détention s'établit comme suit :
- 1,65% pour chaque année de détention au-delà de la 5e et jusqu'à la 21e
- 1,60% pour la 22e année de détention
- 9% pour chaque année au-delà de la 22e.
Soit concrètement, année par année :
Délai de détention | Pourcentage d'abattement |
---|---|
Source : Direction générale des impôts | |
Jusqu'à 5 ans de détention | 0% |
6e année | 1,65% |
7e année | 3,30% |
8e année | 4,95% |
9e année | 6,60% |
10e année | 8,25% |
11e année | 9,90% |
12e année | 11,55% |
13e année | 13,20% |
14e année | 14,85% |
15e année | 16,50% |
16e année | 18,15% |
17e année | 19,80% |
18e année | 21,45% |
19e année | 23,10% |
20e année | 24,75% |
21e année | 26,40% |
22e année | 28% |
23e année | 37% |
24e année | 46% |
25e année | 55% |
26e année | 64% |
27e année | 73% |
28e année | 82% |
29e année | 91% |
30e année | 100% |
L'exonération totale des plus-values immobilières au titre des prélèvements sociaux est acquise à l'issue d'un délai de détention 30 ans.
L'abattement exceptionnel sur les plus-values résultant de la vente de certains immeubles bâtis
Pour les ventes d'immeubles bâtis intervenues entre le 1er septembre 2014 et le 31 décembre 2016, un abattement supplémentaire de 25% est applicable sur le montant de chacune des plus-values nettes, c'est-à-dire après déduction des abattements pour durée de détention (sous réserve, pour les cessions intervenues entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2016, de la signature d'une promesse de vente avant 2015) si :
- L'immeuble se situe dans une commune concernée par la taxe sur les logements vacants
- L'acheteur s'engage à démolir pour reconstruire dans un délai de 4 ans.
Le taux de l'abattement est porté à 30% pour les promesses de vente ayant fait acquis date certaine, c'est-à-dire ayant fait l'objet d'un acte notarié, en 2015.
Cet abattement ne s'applique pas aux plus-values qui résultent de la vente de terrains à bâtir ou de titres de sociétés.
Calculer le montant de l'impôt
Hors cas d'exonération (listés ci-après) les plus-values réalisées sur les cessions de biens autres que des terrains à bâtir ou des droits s'y rapportant (résidence secondaire, bien immobilier en location, parking, locaux commerciaux et parts de société à prépondérance immobilière) sont taxées à hauteur de 34,5% dont :
>19% au titre de l'impôt sur le revenu
>15,5% au titre des prélèvements sociaux (contre 13,5% avant le 1er juillet 2012).
Montant de l'impôt = Impôt sur le revenu + Prélèvement sociaux C'est-à-dire : Plus-value nette imposable au titre de l'IR x 19% |
La taxe pour les plus-values immobilières élevées
Depuis le 1er janvier 2013, si le montant de la plus-value taxable au titre de l'impôt sur le revenu dépasse 50 000 euros, le vendeur doit s'acquitter d'une surtaxe allant de 2% à 6% (hors terrains à bâtir).
Montant de la PV | Montant de la taxe additionnelle |
---|---|
Source : Direction générale des impôts | |
Entre 50 001 € et 60 000 € | 2 % x PV - (60 000 - PV) x 1/20 |
Entre 60 001 € et 100 000 € | 2% x PV |
Entre 100 001 € et 110 000 € | 3% x PV - (110 000 - PV) x 1/10 |
Entre 110 001 € et 150 000 € | 3% x PV |
Entre 150 001 € et 160 000 € | 4% x PV - (160 000 - PV) x 15/100 |
Entre 160 001 € et 200 000 € | 4% x PV |
Entre 200 001 € et 210 000 € | 5% x PV - (210 000 - PV) x 20/100 |
Entre 210 001 € et 250 000 € | 5% x PV |
Entre 250 001 € et 260 000 € | 6% x PV - (260 000 - PV) x 25/100 |
Supérieur à 260 000 € | 6% x PV |
Dans le tableau ci-dessus, "PV" correspond à "plus-value imposable".
Les motifs d'exonération
Les plus-values immobilières sont exonérées si :
Le bien est détenu depuis plus de 30 ans
Le bien vendu constitue la résidence principale du vendeur au jour de la cession
Le bien immobilier est vendu à un prix inférieur à 15 000 euros
Le vendeur est un retraité ou une personne titulaire de la carte d'invalidité,à condition :
-que son revenu fiscal de référence n'excède pas le plafond de à 10 603 euros, majoré de 2 839 euros, par demi-part supplémentaire
-qu'il ne soit pas assujetti à l'ISF au titre de 2013 pour une vente en 2015
Le cédant réside dans un établissement social ou médico-social d'accueil de personnes âgées ou d'adultes handicapés, à condition que :
-le cédant ne soit pas passible de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
-le revenu fiscal de référence du vendeur ne dépasse pas la limite de 25 005 euros, majorée de 5 842 euros pour la première demi-part supplémentaire et de 4 598 euros pour chaque demi-part supplémentaire, pour les ventes intervenues en 2015
Le vendeur est un non résident, dans la limite d'une résidence par contribuable et de 150 000 euros de plus-value nette imposable
Le bien a été cédé au profit d'un organisme chargé du logement social ou à un opérateur privé qui s'engage à réaliser ou terminer des logements sociaux
Le bien vendu est un droit de surélévation. La plus-value est exonérée à condition que l'acheteur s'engage à finir les locaux destinés à l'habitation dans les 4 années qui suivent la date d'acquisition
La plus-value résulte d'une expropriation, à condition que l'indemnité d'expropriation soit réemployée dans son intégralité à l'acquisition, la construction, la reconstruction ou l'agrandissement d'un ou plusieurs immeubles dans l'année suivant sa perception
La plus-value résulte d'un remembrement.
Plus-value sur une résidence secondaire
La plus-value réalisée lors de la cession d'une résidence secondaire est soumise à l'impôt sur le revenu au taux de 19% et aux contributions sociales au taux de 15,5%. Le taux d'imposition des plus-values issues de la vente de résidences secondaires s'élève donc à 34,5%.
A noter toutefois que la plus-value réalisée lors de la vente d'une résidence secondaire est exonérée à condition que le cédant :
-n'ait pas été propriétaire de sa résidence principale au cours des quatre années précédant la vente
-ait utilisé le fruit de la vente pour acquérir ou faire construire sa résidence principale dans les 2 ans qui suivent la cession. Si le cédant n'a réemployé qu'une partie du prix de vente de son bien, l'exonération est proportionnelle à la fraction qu'il a réinvestie.
Les terrains à bâtir
Parmi les mesures annoncées fin août par Manuel Valls pour relancer la construction, figure l'allègement de la fiscalité des plus-values réalisées lors de la vente de terrains à bâtir. Depuis le 1er septembre 2014, l'exonération totale des plus-values immobilières au titre de l'impôt sur le revenu est acquise à l'issue d'un délai de détention de 22 ans, au lieu de 30 ans auparavant. L'exonération complète des plus-values au titre des prélèvements sociaux reste, elle, acquise au bout de 30 ans. Même micmac que pour les immeubles bâtis, donc.
Autre disposition prise par le Premier ministre pour libérer du foncier : un abattement exceptionnel de 30% applicable pour la détermination du montant imposable à l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux des plus-values résultant de la cession de terrains à bâtir. A condition que :
- Une promesse de vente ayant fait l'objet d'un acte notarié entre le 1er septembre 2014 et le 31 décembre 2015 ait été signée
- La vente intervienne au plus tard le 31 décembre de la 2e année suivant cette date
- L'acquéreur ne soit ni un ascendant, ni un descendant du vendeur, ni une personne qui vit en couple avec lui.